mercredi 7 novembre 2012

Les groupes de musique au Québec, d’amateurs à professionnels, partie 1




Au cours des prochaines semaines, je publierai quelques billets sur ce qu’est le défi de faire partie d’un groupe de musique au Québec. Je ne prétends pas faire figure de référence, ni de présenter un travail exhaustif à outrance, mais j’estime apporter de l’eau à la roue et j’espère susciter la discussion. Je suis personnellement membre de groupes de musique et j’ai acquis de l’expérience dans ce milieu avec près d’une vingtaine d’années comme guitariste. Sans prétendre à une expertise professionnelle, j’ai connu la scène, les studios d’enregistrement et bien entendu, les interminables répétitions. Dans ces quelques lignes, je vais apporter mes idées et commentaires, mais je souhaite également susciter l’intérêt de gens plus expert que moi qui auront le goût de commenter. Notez que j’exclus volontairement de la discussion ce qui a trait aux chansonniers et chanteur hip-hop. Je me concentre sur les GROUPES de musique.

Le groupe de musique amateur, c’est quoi?

Tout d’abord, je considère comme amateur un groupe de musique dont les musiciens ne « gagnent pas leur vie » avec cet art. Les activités du groupe de musique peuvent rapporter un certain revenu aux musiciens, mais cela demeure un revenu insuffisant pour en vivre, il s’agit au mieux d’un salaire d’appoint. Cela est  également vrai pour les musiciens du groupe. Bien qu’il puisse y avoir des exceptions (musiciens professionnels pigistes engagés pour remplacer un membre indisposé), les musiciens du groupe, en dépit de leur calibre musical, qui peut être de débutant à avancé, ne gagnent pas leur vie de cette activité. Une autre exception à ma définition; un groupe amateur peut avoir dans ses rangs un musicien dont ses activités, comme musicien (autre groupe de musique, enseignement de la musique, etc.) lui permettent d’en vivre… le chanceux! Mais, le groupe de musique, lui, est amateur parce qu’il ne permet pas à ses musiciens de vivre de ses revenus.

J’ajoute cependant qu’un groupe peut devenir, à mon avis, professionnel même si les revenus ne sont pas suffisants pour permettre aux musiciens de faire vivre leur famille (on parle ici d’une personne avec dépendants). Un groupe qui a, en tout ou en partie, un gros roulement de spectacle, qui génère un certain revenu, qui est produit par un agent ou une agence, qui a enregistré en studio et distribué son produit et qui a la chance d’avoir sa musique à la radio, CE groupe peut prétendre à être de calibre professionnel. Mais ce sera toujours du cas pas cas. En gros, il y en a qui se prétendent professionnel mais qui ne le sont pas, et vice versa. Et j’en conviens, il y une zone grise entre amateur et professionnel où un groupe peut se retrouver. Il est utile à ce stade de s’informer de ses droits et obligations comme groupe de musique. Il peut y avoir beaucoup de questions relatives entre autres aux droits d’auteur et à l’enregistrement du groupe, je recommande alors de rencontrer un avocat spécialisé en la question. À titre d’introduction, vous pouvez consulter le dépliant du cabinet d’avocats Salehabadi à ce sujet.

Est-ce payant?

C’est la passion avant l’aspect pécuniaire qui est le moteur de ces groupes de musique. Tant d’investissement en instruments de musique, en équipement et surtout en temps pour possiblement obtenir quelques dizaines de dollars au terme d’une soirée de spectacle; je vous le dis, c’est une passion, une vocation, qui pousse ces gens à avancer, et non l’argent. Si vous pensiez démarrer un groupe de musique pour « faire de l’argent » dès le début, je vous conseille de choisir autre chose! Il y a beaucoup d’autres emplois qui vous serviront mieux. Bon Scott, ex-chanteur de AC DC a déjà écrit à ce sujet pour expliquer les difficultés de générer un certain revenu avec la musique.

Toutefois, le retour sur l’investissement peut revenir un jour, en la mesure ou votre groupe de musique, qui a un bon roulement en terme de spectacles, qui a établi un très bon répertoire musical, qui ne nécessite presque plus de répétitions non rémunérées (des répétitions dans un local vs chaque spectacle est une répétition en soi), c’est à ce moment que les revenus peuvent commencer à être supérieurs aux sorties d’argent. Mais ce surfing doit durer longtemps si vous souhaiter rembourser ne serait-ce que vos instruments de musique. Il existe plusieurs ouvrages pouvant aider les groupes de musique à évoluer et possiblement gagner leur vie avec la musique, entre autres le document de David Stopps.

Si je devais tenter de mettre un montant sur un revenu au Québec, je vous dirais qu’un groupe de musique faisant de l’interprétation peut recevoir entre 500$ et 1500$ pour une soirée de spectacle dans des bars, la moyenne se situant davantage vers les plus bas montants que le haut (le groupe doit être en demande et avoir de la notoriété pour demander plus de 1000$). Notez également qu’un groupe faisant des « corpos » peut recevoir beaucoup plus, nous y reviendrons plus tard. Donc, un musicien pourrait recevoir, par exemple, entre 50$ et 150$ pour une soirée. Ce qui n’est pas si pire vous direz pour 3 à 4 heures de musique, mais c’est lorsqu’on prend en considération tout le temps et l’argent mis dans l’aventure que ce montant devient insignifiant.

À chaque fois, ou presque, que j’achète une nouvelle pièce d’équipement (car il y a toujours quelque chose qu’on a besoin…), et que ma conjointe me fait les gros yeux, je lui explique la comparaison entre le musicien et le sportif amateur ou l’amateur de sport. À titre d’exemple, prenons un amateur de hockey qui joue dans une ligue de garage. Il va devoir payer son équipement et son inscription, sans compter ses déplacements et autres dépenses reliées à son activité, et cela, sans aucune possibilité de retour en argent. L’amateur de hockey quant à lui, il va s’acheter des billets de saison, s’ajoutera à cela ses dépenses d’activités (transport, rafraîchissements, etc.) toujours sans possibilité de retour en argent. Ils vivent leur passion! Le musicien, lui, il a la possibilité de gagner des sous avec sa passion. Mais j’en conviens, ses patins lui ont coûté cher!

En conclusion, ne pensez pas devenir riche avec la musique. En fait, c’est possible, mais très rares sont ceux qui y parviendront. Pour la grande majorité, ce sera simplement une passion, c’est-à-dire jouer de la musique. Pour certains autres, ce sera un revenu d’appoint et pour quelques-uns, ce sera une activité de calibre professionnel. Dans le prochain billet, je discuterai de la formation d’un groupe de musique et des difficultés à le maintenir en vie. 

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