Au cours des
prochaines semaines, je publierai quelques billets sur ce qu’est le défi de
faire partie d’un groupe de musique au Québec. Je ne prétends pas faire figure
de référence, ni de présenter un travail exhaustif à outrance, mais j’estime
apporter de l’eau à la roue et j’espère susciter la discussion. Je suis
personnellement membre de groupes de musique et j’ai acquis de l’expérience
dans ce milieu avec près d’une vingtaine d’années comme guitariste. Sans
prétendre à une expertise professionnelle, j’ai connu la scène, les studios
d’enregistrement et bien entendu, les interminables répétitions. Dans ces
quelques lignes, je vais apporter mes idées et commentaires, mais je souhaite
également susciter l’intérêt de gens plus expert que moi qui auront le goût de
commenter. Notez que j’exclus volontairement de la discussion ce qui a trait
aux chansonniers et chanteur hip-hop. Je me concentre sur les GROUPES de
musique.
Le groupe de musique amateur, c’est quoi?
Tout d’abord, je
considère comme amateur un groupe de musique dont les musiciens ne « gagnent
pas leur vie » avec cet art. Les activités du groupe de musique peuvent
rapporter un certain revenu aux musiciens, mais cela demeure un revenu
insuffisant pour en vivre, il s’agit au mieux d’un salaire d’appoint. Cela est également vrai pour les musiciens du groupe.
Bien qu’il puisse y avoir des exceptions (musiciens professionnels pigistes
engagés pour remplacer un membre indisposé), les musiciens du groupe, en dépit
de leur calibre musical, qui peut être de débutant à avancé, ne gagnent pas leur
vie de cette activité. Une autre exception à ma définition; un groupe amateur
peut avoir dans ses rangs un musicien dont ses activités, comme musicien (autre
groupe de musique, enseignement de la musique, etc.) lui permettent d’en vivre…
le chanceux! Mais, le groupe de musique, lui, est amateur parce qu’il ne permet
pas à ses musiciens de vivre de ses revenus.
J’ajoute cependant
qu’un groupe peut devenir, à mon avis, professionnel même si les revenus ne
sont pas suffisants pour permettre aux musiciens de faire vivre leur famille
(on parle ici d’une personne avec dépendants). Un groupe qui a, en tout ou en
partie, un gros roulement de spectacle, qui génère un certain revenu, qui est
produit par un agent ou une agence, qui a enregistré en studio et distribué son
produit et qui a la chance d’avoir sa musique à la radio, CE groupe peut
prétendre à être de calibre professionnel. Mais ce sera toujours du cas pas
cas. En gros, il y en a qui se prétendent professionnel mais qui ne le sont
pas, et vice versa. Et j’en conviens, il y une zone grise entre amateur et
professionnel où un groupe peut se retrouver. Il est utile à ce stade de
s’informer de ses droits et obligations comme groupe de musique. Il peut y
avoir beaucoup de questions relatives entre autres aux droits d’auteur et à
l’enregistrement du groupe, je recommande alors de rencontrer un avocat
spécialisé en la question. À titre d’introduction, vous pouvez consulter le dépliant
du cabinet d’avocats Salehabadi à ce sujet.
Est-ce payant?
C’est la passion avant
l’aspect pécuniaire qui est le moteur de ces groupes de musique. Tant d’investissement
en instruments de musique, en équipement et surtout en temps pour possiblement
obtenir quelques dizaines de dollars au terme d’une soirée de spectacle; je
vous le dis, c’est une passion, une vocation, qui pousse ces gens à avancer, et
non l’argent. Si vous pensiez démarrer un groupe de musique pour « faire
de l’argent » dès le début, je vous conseille de choisir autre chose! Il y a
beaucoup d’autres emplois qui vous serviront mieux. Bon Scott, ex-chanteur de
AC DC a déjà écrit à ce sujet pour expliquer les difficultés de générer un
certain revenu avec la musique.
Toutefois, le retour
sur l’investissement peut revenir un jour, en la mesure ou votre groupe de
musique, qui a un bon roulement en terme de spectacles, qui a établi un très
bon répertoire musical, qui ne nécessite presque plus de répétitions non rémunérées
(des répétitions dans un local vs chaque spectacle est une répétition en soi),
c’est à ce moment que les revenus peuvent commencer à être supérieurs aux
sorties d’argent. Mais ce surfing doit durer longtemps si vous souhaiter
rembourser ne serait-ce que vos instruments de musique. Il existe plusieurs
ouvrages pouvant aider les groupes de musique à évoluer et possiblement gagner
leur vie avec la musique, entre autres le document de David Stopps.
Si je devais tenter de
mettre un montant sur un revenu au Québec, je vous dirais qu’un groupe de musique
faisant de l’interprétation peut recevoir entre 500$ et 1500$ pour une soirée
de spectacle dans des bars, la moyenne se situant davantage vers les plus bas
montants que le haut (le groupe doit être en demande et avoir de la notoriété
pour demander plus de 1000$). Notez
également qu’un groupe faisant des « corpos » peut recevoir beaucoup
plus, nous y reviendrons plus tard. Donc, un musicien pourrait recevoir,
par exemple, entre 50$ et 150$ pour une soirée. Ce qui n’est pas si pire vous
direz pour 3 à 4 heures de musique, mais c’est lorsqu’on prend en considération
tout le temps et l’argent mis dans l’aventure que ce montant devient
insignifiant.
À chaque fois, ou
presque, que j’achète une nouvelle pièce d’équipement (car il y a toujours
quelque chose qu’on a besoin…), et que ma conjointe me fait les gros yeux, je
lui explique la comparaison entre le musicien et le sportif amateur ou
l’amateur de sport. À titre d’exemple, prenons un amateur de hockey qui joue
dans une ligue de garage. Il va devoir payer son équipement et son inscription,
sans compter ses déplacements et autres dépenses reliées à son activité, et
cela, sans aucune possibilité de retour en argent. L’amateur de hockey quant à
lui, il va s’acheter des billets de saison, s’ajoutera à cela ses dépenses
d’activités (transport, rafraîchissements, etc.) toujours sans possibilité de
retour en argent. Ils vivent leur passion! Le musicien, lui, il a la
possibilité de gagner des sous avec sa passion. Mais j’en conviens, ses patins
lui ont coûté cher!
En conclusion, ne
pensez pas devenir riche avec la musique. En fait, c’est possible, mais très
rares sont ceux qui y parviendront. Pour la grande majorité, ce sera simplement
une passion, c’est-à-dire jouer de la musique. Pour certains autres, ce sera un
revenu d’appoint et pour quelques-uns, ce sera une activité de calibre
professionnel. Dans le prochain billet, je discuterai de la formation d’un
groupe de musique et des difficultés à le maintenir en vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire